EMMANUELLE BAYART

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LÀ OÙ LES EAUX SE JOIGNENT, 2007
Installation photographique, 6 tirages jet d'encre 110 x 90 cm contrecollés sur aluminium, Ferme-Asile à Sion

Là où se trouve aujourd’hui la ville de Mexico, à 2 200 mètres d’altitude, s’étendait le lac Texcoco. En 1325, fut bâtie sur une de ses îles, Tenochtitlan, l’ancienne capitale de l’empire aztèque. Durant la conquête espagnole, entre 1519 et 1521, une grande partie de Tenochtitlan fut détruite et les conquistadors y fondèrent la ville de Mexico. Aujourd’hui, du lac Texcoco progressivement asséché, il ne reste pratiquement plus que les jardins de Xochimilco et l’agglomération de Mexico, véritable mégapole s’étirant sur près de 1 500 km², est devenue avec près de 20 millions d’habitants, la troisième plus grande ville du monde.

Cette série de photographies a été réalisée dans une des stations de métro du centre-ville de Mexico, Tacubaya. Cette station, où se croisent les lignes 1, 7 et 9, est l’une des plus occupées du réseau.

Puisqu’en 1967, lors de la construction de la première ligne, le taux d’analphabétisme était extrêmement haut, un système basé sur les couleurs et les signes visuels fut conçu pour faciliter les déplacements. Le logo de la station Tacubaya représente une jarre remplie d’eau et son nom, qui trouve ses origines dans le quartier environnant, signifie en nahuatl "là où les eaux se joignent". En ce qui concerne la peinture murale, celle-ci a été réalisée par le sculpteur et muraliste mexicain Guillermo Ceniceros, et illustre l’errance des Aztèques, leur fixation sur le lac Texcoco et le rayonnement de leur civilisation.

Au-delà du fait anthropologique représenté et de sa reproduction photographique, les images montrent le lieu dans lequel s’inscrit la peinture murale : à la fois espace muséal, lieu de passage et aire de rencontres. A leur tour, les personnes figurant à l'image prennent place dans la représentation. Cette série prend acte du passé précolombien, de son intégration dans le Mexique contemporain et de la coexistence des temps dans le présent. Le report des lignes de métro concernées met en perspective le temps et l'espace.